Deuxième épisode : Vassili au Palais.


Or donc, la princesse Zinaïda et mon ancêtre Vassili ne se quittèrent plus. Ils vécurent une période inoubliable où tout leur souriait. 

Le soleil se mit à briller sur les jardins du palais, la lumière baigna les salons de sa magie intemporelle, les couloirs interminables et si tristes jusque là devinrent un espace de jeu extraordinaire, mille glissades, mille cachettes, de placards secrets en lourdes tentures. 

 

Ils dormaient ensemble, mangeaient ensemble, dédaignant le protocole et les gouvernantes qui étaient en charge de l'éducation de la princesse en l'absence de ses parents, plus fréquente que leur présence.

 

En effet, ils partageaient leur temps entre Baden-Baden et l'opéra de Vienne, avec quelques escapades sur la Riviera où ils avaient fait construire une villa toute simple de vingt pièces sur front de mer. Zinaïda les y avait accompagnés une seule fois et en gardait un souvenir impérissable. Mais leur cousine la tsarine exigeait que les enfants de la famille eussent une éducation sérieuse, en connexion avec Dieu, comme son tsarets Raspoutine l'y avait encouragée avant qu'on ne l'assassinât et les parents de Zinaïda ne voulaient pas la contrarier car elle était un peu foldingue. Aussi, ça leur convenait parce qu'ils trouvaient les gosses très ennuyeux, avec leur besoin permanent d'affection et un air de reproche au visage. 
Bref, Zinaïda qui, jusque là, promenait sa solitude dans la vie comme une âme en peine, se mit à apprécier la liberté et s'arrangea pour échapper petit à petit à tout contrôle comme par distraction.